CLUB DOROTHEE

Dorothée amorce son retour

CHARLINE VANHOENACKER AU SOIR.BE samedi 03 novembre 2007, 13:12

EXCLUSIF. L’ex-amie des mômes accorde un entretien au « Soir », pour l’amorce de son retour chez Drucker.

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Photo D.R.

ENTRETIEN PARIS DE NOTRE CORRESPONDANTE

Le déclic : un Vivement dimanche, en décembre dernier, où un « petit coucou » au public lui a valu une ovation. Le come-back de Dorothée doit encore se préciser, mais « Oui, je reviens », nous a-t-elle certifié, à l’occasion de la sortie du livre, Les années Dorothée. Elle confie également être fan de Malvira, depuis une émission tournée en Belgique où notre marionnette culte l’avait relativement épargnée. Rencontre avec la madone d’une génération d’enfants.

Cette génération dont vous avez marqué l’éducation, comment la retrouvez-vous aujourd’hui ?

Je ne les ai pas éduqués ! L’idée était de faire décompresser les enfants après l’école. Je ne voulais remplacer ni les parents, ni les éducateurs : j’étais une amie, point. Je me suis fait attaquer à l’époque où on nous disait qu’on abêtissait les gamins. Et un jour, une jeune fille m’a dit : « Je suis major de l’ENA, élevée avec la génération Dorothée et vous voyez, ça ne m’a pas perturbée ! »

Comment vous ressentez ce frémissement autour de vous depuis votre réapparition chez Michel Drucker ?

Moi, je suis la même. Ce livre est l’occasion de revenir, mais j’ai la trouille de déplaire et je ne sais pas parler de moi. J’ai l’air extravertie, mais c’est le contraire. Ça se bouscule dans ma tête, ce qui fait qu’en ce moment, j’ai un trac monstrueux. Vais-je être à la hauteur ? J’ai toujours eu le trac de toute façon, et c’est de pire en pire.

A quel moment avez-vous senti que vous deveniez une icône, la madone des enfants ?

Mais je ne suis pas une icône ! Ça va vous paraître niais, mais pour moi, j’ai simplement été vernie de faire ce métier, c’est tout.

Pour ne pas vous rendre compte que vous êtes devenue une icône, vous avez dû vivre dans une bulle…

À l’époque, les 35 heures, on les faisait en deux jours ! J’ai vécu pleinement ces moments, avec des choses que j’ai ratées, parce que ce métier me prenait tout mon temps. Je fais mes courses avec mon caddie, beaucoup de gens ne me reconnaissent pas et les autres me disent : « Salut Dorothée, comment ça va ? »

Dans votre rôle, vous étiez tenue d’avoir une image lisse. Y a-t-il des convictions qui ont été difficiles à contenir ?

Je n’avais pas de devoir de réserve. Ma vie, c’était l’antenne, les spectacles et les disques, et parallèlement ma famille. Ma vie privée, c’est privé, point. Donc, je n’intéresse pas les journaux people. Une vie banale.

Vous ne vous dévoilez jamais, donc vous ne dévoilez pas vos convictions ?

Je me suis battue pour faire l’émission Des millions de copains, avec le professeur Alain Deloche, et faire venir des enfants en France pour qu’ils puissent être opérés. On a sauvé quelques vies. Je me souviens d’une fille dont le menton était soudé au haut du thorax. Grâce à l’émission, elle est repartie en disant : « Regarde, je tourne la tête et je vis ! » Rien qu’avec ça, j’ai servi à quelque chose. J’essayais de faire passer le moindre petit message concernant les valeurs d’amitié, de solidarité, même par un détail.

 

En tant que proche de Cabu, vous êtes « Charlie Hebdo » ou plutôt « Le Figaro » ?

Ni l’un ni l’autre : il y a le Cabu de Charlie Hebdo et le Cabu de Dorothée. Mon Cabu à moi, c’est le poète à ses heures. Je connais bien l’équipe du Cabu politique, avec la bande à Wolinski, mais quand on se voit, c’est en dehors de leur aspect politique.

 

Dix ans après, personne n’a compris pourquoi TF1 a viré la poule aux œufs d’or…

Pour ça, il faut appeler TF1…

 

Mais pourquoi avoir arrêté net l’antenne au sommet de la gloire ?

Moi, je suis fidèle à mes musiciens, les Musclés, à mon équipe du Club Dorothée, et quand c’est fini, ce n’est pas la peine de ramer et de faire n’importe quoi. Je ne voulais pas recommencer avec d’autres tout de suite.

 

Certains pédopsychiatres s’alarment des programmes jeunesse actuels et disent : « Il faut faire revenir Dorothée, l’humain se perd »

Ah merci ! Je me suis battue des années pour réhumaniser les émissions pour les jeunes. Après le dessin animé, il faut revenir sur le plateau avec des animateurs en chair et en os, même tarte à la crème ou seau d’eau, pour démystifier les dessins animés et faire une transition claire avec la pub : revenir à « la réalité, c’est maintenant et c’est nous ». J’ai eu un mal fou à me battre contre le déversoir de dessins animés. Une fois que le Club Dorothée était terminé, TF1 a fait le contraire de ce que j’avais demandé. Dans Dragon Ball Z ou Les chevaliers du Zodiaque, le gentil gagnait tout le temps, les gamins sont à fond dedans et donc, un retour marqué à la réalité s’impose avec le décor, cinq personnes à l’image et des jeux. Pour moi, depuis Récré A2, ça a été mon principe.

Quand vous voyez apparaître Baby first, une chaîne pour les 6 mois à 3 ans, vous avez envie de dire quoi ?

À six mois, les bébés commencent à prendre ce qu’ils trouvent devant eux et à le jeter. C’est un peu tôt, me semble-t-il. Car qu’est-ce qu’ils voient ? Quand on donne un beau cadeau à un enfant en bas âge, il s’amuse à le déballer et ensuite, avec quoi il joue ? Le paquet ! Et quand je pense que je me suis fait insulter parce que les enfants regardaient trop la télévision… et maintenant, ils regardent encore plus ! Et de tout. Nous, toutes nos émissions étaient supervisées par des psychologues : tout ce qui pouvait être gênant dans les séries était retiré.

C’est décidé, vous revenez ?

Je ne sais pas encore comment, mais oui, je reviens. Si c’est sur IDF1 chaîne Ile-de-France, sur le câble, c’est marrant de participer au lancement d’une nouvelle chaîne. Pour l’instant, on cherche et on travaille au feeling. Ce serait malhonnête de ma part de vous donner une réponse, car ça risque d’être faux.

Vivement dimanche , France 2, 14 h.

 

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